L’innovation à partir de l’expérience et la capacité à résoudre des problèmesLe panel de GSoft x Urelles sur le thème de L’innovation à tous les âges a fait ressortir une question sur un phénomène actuel : l’âgisme. Jeunes ou âgés, quels sont les plus innovants? Est-il vrai de dire que les jeunes sont plus créatifs, actuels et performants en innovation? Zoom sur l’innovation à partir de l’expérience et la capacité à résoudre des problèmes.
L’innovation à partir de l’expérience et la capacité à résoudre des problèmes
Le capital humain, en tant que ressources nécessaires aux processus d’innovation, est un bagage de variables multiples différentes d’une personne à l’autre. Chaque acteur de l’innovation amène ainsi son lot d’expériences, de connaissances et de compétences. Ces combinaisons uniques qui lui sont propres guident ses opinions et ses capacités.
Lorsqu’un acteur de l’innovation échange avec un autre acteur, on retrouve à nouveau de nouvelles combinaisons uniques qui deviennent propres à ce nouveau réseau d’innovation.
Changements accélérés = innovations accélérées ?
Dans le contexte de changements accélérés et de mutations de l’environnement des entreprises, particulièrement dans le secteur technologique, le Savoir n’est plus comme il était auparavant. Floriant Pradon, responsable de l’expérience candidat chez Gsoft, explique que »l’enjeu actuel, ce n’est pas de connaître, c’est d’être capable de résoudre. Aujourd’hui, on n’a plus besoin de connaître, mais plutôt d’être capable de créer. »
La capacité d’innover = capacité à résoudre ?
Ajoutons à cela le fait que »la technologie n’est pas nouvelle, c’est la venue de l’accessibilité [à la technologie] qui est récente » explique Carole Bourassa, entrepreneure et scientifique de données. Ainsi, la hausse de l’accessibilité à la technologique est synonyme d’un plus grand savoir sur l’adoption, l’intégration et l’utilisation de ces technologies. Ces connaissances sont ainsi moins discriminantes, car une majorité d’acteurs en innovation connaissent ou ont accès à la connaissance. Ce qui est alors discriminant, c’est plutôt la capacité à utiliser ces connaissances dans un contexte donné. Autrement dit, l’apprenant doit ainsi faire preuve de capacité ou d’applicabilité de ses connaissances. Il doit démontrer qu’il est capable de résoudre, de créer, mais aussi d’innover.
L’expérience vient alors en jeu. Plus l’acteur de l’innovation a de connaissances, plus il est apte à accroître ses expériences. À l’inverse, plus l’acteur a d’expériences, plus il devrait avoir de connaissances. Toutefois, ceci n’est pas forcément lié, car un employé peut cumuler 10 ans d’expériences sur un même poste, sans avoir les capacités ni même les connaissances pour les appliquer dans un contexte donné. Ainsi, l’innovation n’est évidemment pas le fruit que de l’expérience ou des connaissances.
Plus d’expériences = plus de capacités à résoudre ?
Mme Bourassa illustre ce qu’est l’expérience : »J’ai eu 25 ans, 30, 35 ans. J’ai déjà là j’avais résolu un ensemble de problèmes. 10 ans après, j’ai résolu un plus grand ensemble de problèmes et ainsi de suite. Cette capacité à résoudre des problèmes n’est pas réservée aux gens de 25-30 ans. Quand on arrive à un certain âge, on cumule les expériences. La somme, c’est l’expérience. »
»Une personne qui a de l’expérience, qui a résolu un bon nombre de problèmes, peut apporter un certain mentorat, un certain savoir » poursuit-elle. Elle ajoute que comme il y a toujours des choses à apprendre, les gens d’expériences apportent ainsi une certaine capacité d’apprendre et d’aider les autres à travailler pour résoudre les problèmes en apportant une facette différente. »C’est ça qui fait que collectivement on peut résoudre d’autres problèmes plus complexes, plus intéressants. » explique-t-elle.
»Chaque époque a ses problèmes à résoudre. » poursuit M. Pradon. »On doit apprendre de tous les autres, de tous les autres mouvements, comme le mouvement féministe a fait apprendre énormément de choses à la société. » explique Pier-Luc Turcotte au doctorat en santé communautaire au Centre de recherche sur le vieillissement de l’Université de Sherbrooke.
Louise Bourget, CRHA, consultant en ressources humaines, va aussi dans le même sens : « Le succès repose sur une ouverture réelle à la diversité et sur la capacité d’apprendre à collaborer efficacement avec les membres d’équipes diversifiées, quels que soient leur âge, leur formation, leur origine, leurs valeurs ou leur culture. » La capacité d’apprendre, plus particulièrement, à collaborer met emphase sur le fait que l’apprenant n’apprend pas seul, il a besoin d’absorber de nouvelles connaissances, de partager son savoir avec autrui pour qu’il y ait un échange social et une création de connaissances nouvelles.
Discussion : l’innovation à partir de l’expérience et de la capacité à résoudre des problèmes
Le panel éclaire une piste de réflexion sur le lien entre deux des variables du capital humain en innovation : les expériences et les capacités. L’innovation n’a pas besoin du plus grand nombre de connaissances et d’expériences, elle a besoin de capacités. On entend ici les capacités à apprendre, à appliquer ces connaissances dans le but de résoudre des problèmes. Le point de départ pourrait ainsi être la capacité à apprendre, et ça, c’est effectivement possible à tous les âges. Ne soyons donc pas surpris de voir de très jeunes talents innover ni même des gens âgés apporter de nouvelles innovations sur la table. L’innovation à tous les âges est possible.
Avec la population vieillissante, nous aurons bien plus de 65 ans et plus au Québec. Il est temps de changer les paradigmes de la jeunesse innovante et de s’ouvrir sur l’expérience certes vieillissante, mais capable d’apprendre.
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Références :
- Panel Gsoft x URelles 2020 | Carole Bourassa, Floriant Pradon et Pier-Luc Turcotte
- Bourget, Louise. « L’expérience-employé : un changement de paradigme qui s’impose », CRHA, 2010, https://ordrecrha.org/ressources/revue-rh/archives/l-experienceemploye-un-changement-de-paradigme-qui-s-impose